Tout d’abord un grand merci Jordane de nous accorder cette interview, dans laquelle on va retracer l’histoire d’Alerte Méditerranée, ses engagements et croyances, mais également ses ambitions pour le futur.
Qu'est-ce qu'Alerte Méditerranée ?
Alerte Méditerranée est au départ un site internet qui a été créé par son fondateur Sébastien en 2009. Une page Facebook a été lancée en 2011 et c’est actuellement le support le plus développé.
Nous faisons de la prévision, du suivi en direct et de l’alerte. Nous sommes des amateurs passionnés de météo depuis l’enfance pour la plupart, l’association est née de cette passion commune. Cela occupe une grande partie de notre temps libre, mais on essaye de se réunir de temps en temps pour une chasse à l’orage. C’est un passe-temps comme les autres, mais comme il intéresse et touche la population, on a décidé de faire une page Facebook accessible à tous. Elle couvre l’ensemble des départements méditerranéens du 66 au 06, ainsi que la Corse depuis peu.
D'où vient votre passion pour la météo ?
Personnellement je suis passionné par la météo depuis mon plus jeune âge. Dès l’école primaire je désirais devenir météorologue. Je me diffusais les bulletins en boucle en VHS (rires) ! L’un des éléments déclencheurs reste la tempête de 1999. J’avais déjà à l’époque une fascination pour la neige et cela s’est développé grâce aux forums.
On acquiert de l’expérience et on peut réaliser nos propres prévisions grâce aux modèles qui se trouvent en accès libre sur internet. Avoir accès gratuitement aux outils que peuvent avoir les ingénieurs météorologues professionnels a joué un grand rôle dans la démocratisation de la météo. La différence est que nous le faisons en amateur, mais nous sommes tout aussi sérieux ! On ne se base pas sur ce que disent les organismes météoroligiques. Nous ne sommes pas là pour retranscrire l’information, exceptée dans le cas de notifications officielles car seule Météo France est autorisée à en faire.
En terme de précision, on réalise des prévisions beaucoup plus affinées sur le bassin méditerranéen alors que les organismes nationaux sont plus généraux dans leurs bulletins grand public.
Comment fonctionnent ces prévisions ? Nous disposons de sites spécialisés dans les modèles météo à maille large ou à maille fine en fonction du type de précision que l’on désire : long terme ou court terme. Chaque pays a développé des modèles. Notre avantage en tant que non professionnels est qu'on utilise l’ensemble de ces modèles, on peut recouper toutes les informations entre elles pour dégager des prévisions assez fiables.
Parfois on arrive à anticiper certains phénomènes à très long terme grâce à certains modèles de prévisions alors que certains organismes ne vont pas en parler tout de suite. En effet, ils ont le regard de la population et se doivent d’attendre d’être plus sûrs. On peut donc pour certains phénomènes informer un peu avant. De même, pour le suivi en temps réel, tous les organismes n'ont pas des systèmes d'alertes dans l’heure : « Attention un orage arrive sur telle commune » ; alors qu'avec nos réseaux sociaux et nos outils de suivi, comme les radars de précipitation, nous pouvons le faire. L’enjeu c’est de communiquer tout cela rapidement et efficacement à la population.
Quel est votre rôle dans l'association ?
Je suis arrivée dans la région récemment. Je vis au Cap d’Agde depuis avril et j’ai rejoint l’équipe cet été seulement. Mon rôle est de faire de la prévision, du suivi et également de gérer la communication et les partenariats.
Comment fonctionne votre association ?
Sébastien a fondé l’association, François Xavier est spécialisé en prévisions et en suivi et depuis assez récemment nous avons un nouveau collaborateur Albert, recruté pour aider sur la partie visuels/photos. Actuellement nous recherchons d’autres personnes, notamment en région PACA.
Notre communauté a bien grandi dernièrement et nous sommes très occupés !
Pourquoi une alerte météo par SMS ?
J'avais déjà pensé à utiliser le SMS, mais la mise en place semblait un peu compliquée car on ne savait pas comment cela fonctionnait. Il se trouve qu’auparavant j’habitais dans le 77, où j’avais ma petite page Facebook. J’avais déjà élaboré ce type de notifications par SMS mais depuis mon propre téléphone portable car c’était vraiment à toute petite échelle. Aujourd’hui notre page Facebook aura bientôt 13 000 abonnés, on a besoin de quelque chose de beaucoup plus professionnel.
On a pensé aux alertes SMS parce que c’est le seul moyen qui permet d’informer les gens quasiment instantanément et qui touche un public large. Tout le monde n’est pas constamment sur Facebook, n’a pas de smartphone... Le SMS reste donc vraiment le moyen le plus populaire.
Comment fonctionne cette alerte SMS ?
Il y a un formulaire d’inscription en ligne sur notre site. Les internautes vont y choisir le département dont ils veulent recevoir les informations (ils peuvent également préciser une ville) puis valident leur inscription en donnant leur numéro de téléphone.
L’avantage est qu'on peut créer des listes de diffusion différentes grâce à la plateforme SMS en ligne SMSFactor. De cette façon si un secteur précis va être touché par de violents orages, on peut envoyer une alerte météo par SMS à une seule liste de diffusion.
Le seul problème est qu'on ne peut prendre en charge ces notifications qu’à petite échelle puisque qu'on finance nous-même les SMS, mais on espère pouvoir avoir un jour l’aide des collectivités locales.
Combien avez-vous d’inscrits à ce jour ?
Nous avons eu une montée fulgurante du nombre d’abonnés au lancement des alertes SMS. Là on se stabilise un petit peu car on communique moins dessus, mais nous avons environ 2 500 inscrits, et cela en moins de 2 semaines.
Faites-vous des alertes SMS quotidiennes ?
Non, nous voulons nous concentrer sur des phénomènes très violents. On ne va bien sûr pas envoyer une alerte météo par SMS pour dire qu’il va tomber 3 gouttes d’eau. Les incidents que les Alpes Maritimes ont pu connaitre ces dernières semaines sont typiques de celles qui demandent une alerte de ce type. Il faut être très réactif et informer de ces grosses intempéries dans l’immédiat. Il ne s’agit pas de faire de la prévention à J-2 ou J-3.
Nous ne désirons pas remplacer Météo France qui eux lancent des vigilances à l’avance sur des phénomènes assez vastes en terme de localisation géographique. Nous désirons mettre en place un système informatif beaucoup plus localisé.
Quelles sont vos objectifs ?
Notre but actuel est d’agrandir l’équipe et notamment de trouver des contributeurs en PACA car nous sommes tous en Languedoc Roussillon actuellement. Notre but est surtout de mettre en avant l’optimisation de notre système d’alertes (d’où notre nom d’ailleurs !) et dans l’idéal de recevoir le soutien de certaines collectivités. C’est notre rôle de prouver notre sérieux ! On veut faire nos preuves auprès de nos abonnés actuels car nous n’avons pas encore d’aide financières qui nous permettrait de nous agrandir.
Nous voulons rester concentrés sur les régions méditerranéennes car nous sommes convaincus que de bonnes prévisions au niveau local passent par un suivi efficace en temps réel. On ne peut pas être partout à la fois, en tout cas pour le moment !
Le petit mot de la fin ?
Sachez que si notre page fonctionne aujourd’hui ce n’est pas uniquement grâce nos prévisions mais en grande partie grâce aux internautes qui suivent notre page et qui partagent leurs informations. Cela permet d’avoir plus de matière et de pouvoir informer au mieux sur ce qui se passe. Ainsi par exemple si un internaute nous signale de la grêle sur sa commune, on peut véhiculer l’information sur notre page afin d’aider les habitants de cette zone à anticiper le risque et mettre en garde les communes voisines. Les reports d’observation de nos abonnés sont vraiment indispensables. Pour vous donner un exemple concret, un internaute nous a envoyé une vidéo. sur un orage à Montpellier et celle-ci a été vue plus d’un million de fois parce qu’elle a été relayée par de nombreux médias comme Midi Libre et partagée des milliers de fois sur Facebook.
Vous habitez dans le sud ? Alors n’hésitez plus et abonnez-vous à la page Facebook d’Alerte Méditerranée.